Iasnaia Poliana
Quelqu'un, qui fréquentait l'université de Cologne, m'avait parlé d'un cours de russe à Iasnaia Poliana, au sud de Moscou. Iasnaia Poliana avait tout de suite évoqué Tolstoï dans mon esprit : C'était le nom du domaine où le grand écrivain a vécu la plus grande partie de sa vie et qu'il affectionnait particulièrement. Je me suis renseignée sur ce cours, me suis inscrite et c'était parti, en juin dernier. Une personne de l'école de langue était venue me chercher à l'aéroport de Moscou. Mes souvenirs de russe étaient si estompés que je n'aurais pas pu me débrouiller par moi-même. Nous sommes donc repartis avec Sergueï, le chauffeur, dans une vieille bagnole déglinguée. Trois heures de route jusqu'à Toula. Et puis Iasnaia Poliana est l'ancien domaine de Tolstoï maison, dépendances, parc, vergers, étangs, bois, transformé en musée, d'un village, avec une auberge, d'un hôpital et d'un hôtel, le tout disséminé sur Pour aller de l'hôtel, où se tenaient également les cours de langue, jusqu'à l'auberge du village où je prenais mes repas, je devais suivre un adorable sentier pédestre sur deux kilomètres, longer les bois, des clairières fleuries, le petit hôpital, où les malades prenaient l'air sur des bancs extérieurs et parfois chantaient en choeur, quelques maisons de bois dont les « babouchkas » entretenaient le jardin, un étang à grenouilles. Ici, la nature semblait encore préservée. Chaque jour je pouvais deviner l'endroit de la forêt où se tenait le coucou de service qui a accompagné chacune de mes promenades de ses « coucous » que je n'avais plus entendus depuis mon enfance. Et durant mon séjour, je n'ai pas seulement appris le russe mais aussi à reconnaître le chant du rossignol dont la forêt regorgerait. Le sentier La maison elle-même est exactement en l'état où elle se trouvait à la mort de l'écrivain et c'est extrêmement émouvant de contempler les meubles, les bibelots, son matériel d'écriture, comme si sa présence flottait encore dans les pièces. Dans la salle de séjour, trônent toujours les deux pianos à queue où il aimait s'accompagner pour chanter des airs populaires, les tableaux de maîtres, pour lesquels il avait posé ainsi que sa femme Sonia ou leurs enfants - et sur lesquels on reconnaît que la disposition des lieux n'a pas changé La maison Car Tolstoï était déjà si connu de son vivant que sa maison ne désemplissait pas de visiteurs, et souvent de visiteurs de marque. Il y aurait eu jusqu'à plus de 50 invités en une fois, qu'il fallait également loger, dans les autres bâtiments. L'été, tout le monde se rassemblait sur la terrasse attenante, buvait du thé, mangeait des confitures, discutait. Dehors, sous les arbres de la cour, c'étaient les paysans qui attendaient leur maître, pour lui demander conseil. Tolstoï a passé une bonne partie de sa vie à vouloir améliorer leur condition. Il a même voulu finir par vivre comme eux. Evidemment quitter sa maison à plus de 80 ans, sans prévenir quiconque que sa plus jeune fille et partir par les chemins pour vivre comme un vagabond, il fallait le faire. Moi qui trouve que les cours de langue ne sont jamais assez intensifs, à Iasnaia Poliana j'ai été servie : D'abord il n'y a que des cours particuliers, pas de groupes, et c'est dès le départ du tout russe. Immersion totale. J'ai même dû apprendre en russe toute la terminologie grammaticale pour suivre les leçons de grammaire. Débutants s'abstenir ! C'était bien ma deuxième langue autrefois au lycée et peu à peu le vocabulaire me revenait mais je trottinais dur pendant les quatre heures de cours quotidiens. N'empêche que les résultats ont été à la hauteur. Je ne crois pas avoir fait autant de progrès dans aucun domaine au cours de mon existence qu'en russe pendant ce séjour ! Mes deux professeurs, très qualifiées, l'une pour la grammaire, l'autre pour le vocabulaire, était deux jeunes femmes tout-à-fait compétentes, absolument charmantes, aimables et très jolies. Je suis bien décidée à y retourner l'an prochain, en été. Là-bas, les « nuits blanches » du solstice sont sensibles. On m'a dit que l'hiver n'était pas mal non plus : soleil, neige éclatante de blancheur environ - 30 º C! Je leur ai demandé : Mais, vous avez quand même des élèves l'hiver ? Et elles m'ont répondu : Ah Oui ! L'hiver dernier, nous avions un Finlandais. Si on veut y aller en cette saison, il faut vraiment emporter l'équipement idoine, vu qu'on ne peut prendre ses repas qu'à l'auberge du village et qu'il faut impérativement suivre quotidiennement le sentier de deux kilomètres à travers bois et prairies pour se sustenter. см. вас скоро Iasnaia Poliana ! A bientôt Iasnaia Poliana ! Catherine P.S. le 25 janvier 2007 : Je suis heureuse de votre intérêt pour Iasnaia Poliana. Voici l'adresse internet du site: www.yasnayapolyana.ru et leur adressee e-mail: education@tgk.tolstoy.ru